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MAITRISE ORTHOPEDIQUE

RENCONTRE

gnement est la recette idéale

pour une future reprise.

: Est-ce si important

que d’être normo-axé ?

A.M. :

L’échec est plurifac-

toriel. De nombreux facteurs

contribuent à une reprise, mais

l'un d'entre eux est certaine-

ment le défaut d'alignement. Je

ne dirais pas que l'alignement

est la seule cause, mais avec

l'équilibre des parties molles et

la qualité de l'os, c'est un fac-

teur important. Si vous avez

un petit défaut d’axe, plus un

peu d'instabilité plus une faible

qualité osseuse, je pense que

vous courrez à l’échec, surtout

chez le patient obèse.

: Aujourd’hui le maillon

faible se situe plus à l'inter-

face os-implant qu'au niveau

des implants eux-mêmes?

A.M. :

C'est exact. Merci à nos

collègues ingénieurs qui ont

amélioré la qualité du polyéthy-

lène. etJ je ne pense pas que

ce soit vraiment le problème à

présent, même pour la hanche.

Donc, même si vous avez

une charge asymétrique sur

le polyéthylène, cela ne préci-

pite pas l’usure. Ce qui pour-

rait arriver, c'est que l'os soit

contraint de façon asymétrique

et c’est plus risqué si l'os est fra-

gile. Si vous avez un os dur et

solide comme dans certains

pays occidentaux et que la PTG

est mal axée, vous vous en ti-

rerez peut-être. Mais avec des

os porotiques et des patients

obèses, il y a de fortes chances

d'échec.

: Vous cimentez vos

prothèse de genou?

A.M. :

Oh oui je cimente !

Je pense qu’il ne faut pas rai-

sonner au genou comme à la

hanche. A la hanche, la fixa-

tion sans ciment marche très

bien, quoiqu’au Royaume-Uni

j'ai eu une large et très satis-

faisante expérience avec les

tiges cimentées. Donc, pour la

PTH chez une personne âgée,

j’utiliserais une hanche totale

cimentée et pour une personne

d'âge moyen, je choisirais le

sans ciment dans la plupart

des cas. En ce qui concerne

les genoux, nous n'avons pas

encore de composants sans ci-

ment en Inde. Notre premier

ministre a récemment annon-

cé un plafond sur les prix des

implants. Ainsi, il n'y a aucune

incitation pour les entreprises

à introduire des implants coû-

teux car ils devront les vendre

au même prix qu'un implant ci-

menté standard. Mais même si

nous avions des implants sans

ciment, j'hésiterais à les utiliser

chez les personnes âgées dont

la qualité osseuse est incer-

taine, et en particulier chez les

patients présentant le type de

malformation qu’on voit chez

nous. Beaucoup de nos patients

âgés ont attendu si longtemps

qu'ils arrivent avec d'énormes

désaxations et je suis certain

que je ne leur poserai pas de

PTG sans ciment.

: En Inde, les gens ai-

ment s'asseoir en tailleur :

cela vous pose-t-il des pro-

blèmes?

A.M. :

C'est pour nos patient

une exigence très importante.

Lorsqu'on leur demande pour-

quoi ils ont attendu si long-

temps, beaucoup de patients

disent qu'on leur a dit qu'ils

ne pourraient plus plier les ge-

noux ou s'asseoir en tailleur.

Pourquoi se faire opérer si on

ne peut plus s'asseoir parterre?

Mais cela fait plus de 20 ans

que nous faisons des PTG et la

plupart de nos patients ont une

bonne mobilité et ils peuvent

s'asseoir les jambes croisées. Ils

peuvent s'asseoir sur le sol, se

relever du sol. Ils semblent se

débrouiller plutôt bien. C'est

donc une exigence pour nos

patients d'avoir une bonne am-

plitude de flexion. Étonnam-

ment, beaucoup de patients,

même ceux présentant une ar-

throse sévère, des ostéophytes

énormes, des déformations ou

des pertes osseuses, restent

très mobiles après l’interven-

tion alors que l'on s'attendrait

à ce qu'ils deviennent raides et

douloureux. Ils récupèrent une

très bonne flexion. Presque

comme s'ils avaient développé

une articulation neuropathique

parce qu'ils auraient tout usé, y

compris tous les récepteurs de

la douleur ! Ils sont capables

de fléchir complètement et de

s’asseoir en tailleur.

: Vous n'utilisez pas

des techniques opératoires

spéciales?

A.M. :

L'un des facteurs les

plus importants qui déter-

minent l'amplitude postopéra-

toire est l'amplitude préopéra-

toire. Donc, à moins d'avoir fait

quelque chose d'incorrect, par

exemple de surdimensionner

l’implant fémoral ou d'avoir

une pente inversée au tibia ou

encore un écart espace ende

flexion trop serré, vous devriez

avoir une très bonne amplitude

de mouvement chez la plupart

des patients. Vous n'avez pas

vraiment besoin d‘en faire trop.

Vous devez suivre les principes

habituels : exciser les ostéo-

phytes, vous assurer qu'il n'y a

pas d'obstacles et que vous ne

surdimensionnez pas les im-

plants. Si vous suivez les prin-

cipes standardsstandard, vous

devriez obtenir une amplitude

de mouvement raisonnable-

ment bonne pour la plupart

de vos patients. Mais certains

patients arthrosiques sont très

raides et je les préviens qu'ils

n'obtiendront pas autant de

flexion que la personne de la

pièce voisine qui a eu la même

opération. Donc, nous devons

examiner l'amplitude préopé-

ratoire du mouvement et l'étio-

logie et leur dire s'ils peuvent

s'attendre à une flexion com-

plète ou non. Souvent, c’est le

quadriceps qui est rétracté et

nous devons faire une plastie

du quadriceps en même temps

que la PTG. Chez les patients

souffrant d'ankylose en exten-

sion je fais une libération du

vastus intermedius. En fait,

vous excisez un segment du

vaste e l'intermédiaire, vous

faites plusieurs entailles dans

le droit antérieur et manipulez

le genou. Cela donne une bien

meilleure mobilité.

: Resurfaçez-vous tou-

jours la rotule?

A.M. :

Personnellement, je re-

surface la rotule dans presque

tous les cas. Je sais que cer-

tains chirurgiens européens ne

le font pas et semblent n'avoir

aucun problème. Je suis revenu

d'un congrès où les orateurs

disaient que cela n'avait pas

d'importance, alors j'ai arrêté

de resurfacer dans quelques

cas. Puis j'ai réalisé que ces

mêmes patients se plaignaient

de douleurs antérieures. Je

peux clairement reconnaitre

certains de ces patients quand

ils reviennent en consultation:

"Ah, c'est celui chez lequel je

n'ai pas fait de resurfaçage, et

il n'a pas l'air content…". C'est

pourquoi maintenant, je resur-

face toujours la rotule. Mais

le dessin de la trochlée joue

aussi un rôle et il y a quelques

modèles qui fonctionnent très

bien, comme le LCS, qui avait

une trochlée très bien dessinée.

Quoi qu'il en soit, nos patients

indiens sont assis en tailleur et

il y a beaucoup de contraintes

sur la rotule, contrairement

aux pays occidentaux où les

gens sont assis sur des chaises

et sollicitent moins leur articu-

lation fémoro-patellaire. Assis

à 90° ou assis à 135° cela fait

une grande différence pour la

rotule.

: Utilisez-vous la naviga-

tion?

A.M. :

J'ai commencé à utiliser

la navigation en 2005 et je l'uti-

lise depuis dans presque tous

les cas. En fait, la raison pour

laquelle j'ai commencé l’utili-

ser était que je voulais prouver

que je n'en avais pas besoin.

J'ai donc monté une étude ran-

domisée en double aveugle où

nous avons utilisé la chirur-

gie conventionnelle pour un

groupe de patients et la navi-

gation pour un autre groupe de

patients. Mais dans le groupe de

non-navigation, nous avons fait

le mieux possible. C’est à dire

que nous avons repéré le centre

de la tête fémorale et le milieu

de la cheville en fluoroscopie

pendant le temps de l’induc-

tion anesthésique. Mon objec-

tif était de rendre la chirurgie

conventionnelle meilleure que

la navigation. J'espérais qu'avec

ces petites choses, comme

mesurer l'angle de correction

du valgus individuellement